Je vous propose aujourd’hui de découvrir deux frères.
Cela pourrait d’ailleurs être des sœurs aussi.
Deux frères ou sœurs donc, que nous pourrions tous avoir dans notre famille.
Appelons le premier frère Olof.
Habillé d’une chemise et d’un pantalon, rasé de près, il serait semblable à nous en tout point si vous le croisez dans la rue.
Un médecin qui aurait à l’ausculter y verrait une personne athlétique et en bonne santé. Sans aucun problème de cholestérol, de tension, de diabète ou de surpoids.
Il noterait toutefois sans doute plusieurs cicatrices sur son corps, qui témoignent d’un tempérament peut-être d’aventurier ou de cascadeur. Mais une fois le contrôle de routine terminé, il le laisserait partir en se disant que si tous les patients étaient comme lui, ses journées seraient sans doute plus calmes et le monde en bien meilleure santé.
Olof vit loin des villes. Il a l’habitude de commencer ses journées en s’assurant que sa famille va bien et dort paisiblement, puis essaye de régler au plus vite la question des repas. Il s’en va chercher des produits, plantes, œufs, légumes et tubercules qu’il peut trouver à proximité. Puis décide de partir à la pêche ou à la chasse pour agrémenter le repas d’une belle pièce de poisson ou de viande. La journée est belle et ensoleillée, pourquoi ne pas en profiter.
Avec ses prises, il pourra faire le plein des protéines et des bonnes graisses dont il a besoin pour garder un corps athlétique et plein d’énergie.
Après avoir, non sans efforts et un peu de ruse, débusqué une proie intéressante, – la chance sourit aux audacieux – , il la rapporte chez lui et commence à la cuire pour préparer un repas savoureux qu’il pourra déguster avec sa famille le moment venu.
Mais pour l’heure, il est encore tôt et il décide de se détendre un peu et prendre un bain de soleil de quelques minutes pour refaire le plein d’énergie.
Olof consacrera ensuite le reste de sa journée à ses travaux courants. Des taches de routine qui ne demandent pas d’effort particulier, mais qui doivent être faites pour assurer le confort et la sécurité de sa famille. L’esprit libre, il profite de ses moments pour plaisanter avec ses proches et ne manque pas une occasion de jouer ou de taquiner ses amis lorsque l’occasion se présente.
Ses moments de stress et ses peurs sont rares. Ils ne viennent que des accidents qui pourraient survenir lorsqu’il part seul en forêt pour aller chasser. Il prend donc soin de ne pas s’exposer à des risques inutiles. Il sait pertinemment que sa santé est son plus grand capital.
Éric est le frère d’Olof. Il vit dans une grande ville. Et il sort de chez son médecin.
Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Comme toujours, une tension élevée, trop de triglycérides dans le sang, mais cette fois, on lui annonce aussi des signes précurseurs de diabètes…
Comme des dizaines de patients ce mois-ci, son médecin l’a une nouvelle fois mis en garde contre les risques d’un accident vasculaire. D’autant plus que son poids augmente lentement mais surement sur la balance depuis quelques années.
Pour Eric, c’est à n’y rien comprendre. Il avait pourtant repris le footing depuis 2 mois aux prix d’un immense effort sur lui-même. Et s’était astreint à manger de façon plus saine : moins de viande et de graisses et davantage de céréales complètes comme il l’avait lu.
Il avait également pris soin de remplacer le beurre, les fromages et les produits laitiers par des versions « light » et avait remplacé son soda préféré par de bons verres de jus de fruits frais. Il avait même réussi à perdre 1 kilo grâce à ces changements et trouvait cela encourageant.
Mais les remarques de son médecin l’avaient déprimé. Se priver autant pour un résultat pareil. Quelle injustice ! Cela devait surement être la faute à ses mauvais gènes. Il devait se rendre à l’évidence, il ne perdrait jamais ces bourrelés sur son ventre qui le gênent tant quand il doit se montrer en maillot de bain.
Alors face à tant d’injustice, pourquoi se priver.
Il décide de se remonter le moral en allant au cinéma puis d’aller manger une de ces excellentes pizzas au coin de la rue.
Au total, Éric, n’aura marché que quelques minutes aujourd’hui. Souvent absorbé par l’écran de son téléphone sans se préoccuper de ce qui se passe autour de lui.
Il reçoit d’ailleurs sans cesse des emails du travail lui demandant de s’occuper d’un problème urgent. Comment peut-il se reposer avec un tel rythme. Son stress et quasi-permanent. Et ce n’est pas encore ce soir qu’il aura l’énergie de passer du temps à écouter ses enfants et encore moins de jouer un peu avec eux. On verra ca demain se dit-il.
Éric est fatigué. Mais il se couchera tard comme à son habitude après avoir épuisé toutes ses réserves d’énergie pour ne pas avoir trop de mal à s’endormir. Il sait très bien que ce rythme n’est pas bon pour sa santé, mais son médecin est un homme compétent. D’ailleurs, il se résoudra bientôt à prendre les traitements conseillés pour éviter d’aggraver encore sa situation.
Olof et Éric sont bel et bien deux frères. Deux frères de la grande famille des Hommes modernes. Que les scientifiques regroupent sous le nom d’Homo sapiens. C’est notre espèce, qui est apparue sur la terre voilà maintenant près de 300 000 ans. La dernière d’une longue succession d’êtres humains qui se succèdent sur la terre depuis plus de 3 millions d’années.
La prochaine espèce à émerger dans quelques dizaines de milliers d’années sera peut-être parfaitement adaptée au style de vie d’Éric, c’est le temps qu’il faut pour que la sélection fasse son travail. Mais en attendant, nous en sommes toujours à la version conçue pour vivre et manger dans un style relativement proche de ce que peut nous offrir la nature.
Je ne parle pas de notre cerveau, qui lui s’adapte assez vite à la modernité. Car il est souple et il apprend vite.
Je parle de notre corps. Qui respecte pour son fonctionnement le mode d’emploi inscris dans chacun de nos gènes.
Si aujourd’hui, de plus en plus de personnes se rapprochent malheureusement de la situation d’Éric, ce n’est pas parce que nos gènes ont changé. C’est par ce que le monde et notre alimentation ont profondément changé.
Les personnes comme Olof étaient la norme jusqu’à il y a 10 000 ans à peine, date à laquelle nous avons commencé à nous sédentariser et à modifier notre alimentation grâce – ou à cause – de la maitrise de l’agriculture. Toutes les études des squelettes retrouvés avant cette période montrent des individus grands, forts et en bonne santé. Avec une dentition saine et des os solides. Même chose pour les populations qui vivent de manière comparable encore aujourd’hui.
Alors bien sûr, l’on vit en moyenne beaucoup plus vieux aujourd’hui. Car la mortalité des mères et des enfants lors des accouchements est désormais presque nulle grâce aux progrès de la médecine moderne. L’on sait soigner les blessures avant qu’elles ne s’infectent. L’on peut opérer efficacement en cas d’accident ou de traumatisme.
Mais si l’on vit plus vieux, il faut bien reconnaitre que l’on vit aussi en moins bonne santé. Et que la fatigue et le surpoids deviennent des maux auxquels la plupart des personnes – s’ils s’y résignent – vont devoir s’habituer.
S’inspirer de l’histoire de ces deux frères ne veut pas dire que nous devons retourner vivre dans une caverne pour être en bonne santé. Ni nous goinfrer de viandes du matin au soir en grognant au coin du feu.
Nous pouvons faire preuve d’un peu plus de nuance. Et nous rendre compte que nous avons beaucoup à gagner à nous éloigner d’une nourriture qui nous rend malades. Et nous inspirer davantage de ce que la nature a prévu pour notre espèce. Sans faire de la démagogie ou remuer des peurs qui envahissent chaque débat lorsque l’on parle d’alimentation.
Olof était fort, heureux et à l’aise avec son corps. Nous avons en plus le confort de ne plus avoir à chasser pour nous nourrir et nous avons des hôpitaux qui prennent soin de nous en cas d’accident ou d’infection.
N’est-il pas temps de conjuguer le meilleur des deux mondes ?
N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et à laisser un message dans les commentaires.
Très bonne journée à vous,