C’est une question qui revient beaucoup. Comment peut’ on maigrir du visage ? Ou maigrir des cuisses?
Que dois-je faire pour perdre du ventre? Ou enlever la graisse inutile que j’ai sous les bras?
Toutes ces questions peuvent se résumer en une seule :
Comment faire pour perdre du poids de façon ciblée?
On lit parfois un peu tout et n’importe quoi à ce sujet.
C’est vrai que les mécanismes biologiques de la perte de poids ne sont pas toujours simples à expliquer. Ils font appel à des notions de physiologie qui peuvent paraitre abstraites.
Mais ce n’est pas une raison pour simplifier de façon exagérée, ou pire, pour propager des informations complètement fausses. Surtout pour vendre un produit miracle à l’efficacité douteuse.
Je vous propose donc aujourd’hui de faire le point sur tout ce que nous dit la science à ce sujet.
Comme toujours, je ne vais pas rentrer dans le détail des études que je cite. Mais les liens sont à chaque fois disponibles pour vous permettre d’approfondir si vous le souhaitez.
Qu’est-ce que maigrir ?
Des graisses, mais pas seulement.
Pour mieux comprendre comment perdre du poids de façon ciblée, prenons un peu de temps pour revoir quelques notions de base.
Quand on parle de maigrir, on pense principalement aux graisses.
Mais précisons qu’il est possible de « maigrir » en perdant de la masse musculaire. Même si c’est rarement ce que l’on cherche. Et c’est tant mieux! La masse musculaire participe à la bonne santé de notre corps et à son harmonie. Elle augmente notre métabolisme et favorise la consommation des graisses de réserve. Pour toutes ses saisons, il n’est pas souhaitable de « perdre du muscle » dans la plupart des situations courantes.
Il est également possible de maigrir en perdant un peu d’eau. Mais il s’agit d’un processus temporaire et marginal qui n’affecte votre poids que de façon transitoire. Particulièrement en tout début de certains régimes. Nous n’allons donc pas nous intéresser à cela dans cet article.
L’on parle aussi de maigrir pour des régions du corps comme les doigts ou le visage. Mais dans ces zones, l’accumulation de graisses n’est pas la seule responsable des gonflements observés.
Ces gonflements du visage ou des doigts s’accompagnent souvent de rougeurs et d’une tension de la peau. Ils sont alors généralement caractéristiques d’une inflammation chronique des tissus.
Et cette inflammation s’ajoute aux graisses sous-cutanées pour tendre la peau et lui donner un aspect gonflé et lisse. Elle traduit la présence d’un œdème au sein des tissus, c’est-à-dire de l’accumulation de liquides dans l’espace libre disponible entre les cellules situées sous la peau.
Comme l’inflammation chronique des tissus sous-cutanés et le surpoids sont souvent liés, maigrir permet donc de lutter également contre ces problèmes inflammatoires. J’y reviendrai à la fin de cet article.
Pourquoi grossit-on ?
Perdre du gras, le bruler, l’éliminer. Tous ces mots désignent exactement le même processus biologique.
C’est l’utilisation par l’organisme des graisses qui sont stockées à différents endroits de votre corps.
Mais avant de voir comment votre organisme peut bruler les graisses inutiles. Et si vous pouvez les éliminer de façon ciblée. Je vous propose de voir pourquoi et comment il cherche à les stocker.
Votre corps et chacune de vos cellules ont besoin d’énergie pour leur fonctionnement quotidien.
Et cette énergie peut venir de différentes sources alimentaires.
D’abord les glucides. Pain, pâtes, sucres, et céréales sont une source facile et abondante d’énergie pour votre organisme dans notre alimentation moderne.
Viennent ensuite les aliments riches en lipides. Huiles et graisse, dont l’abondance varie selon les habitudes alimentaires de chacun. Les graisses étant diabolisées depuis quelques décennies, leur consommation a fortement diminué chez la plupart des personnes.
Puis viennent les protéines. Mais l’organisme évitera au maximum l’utilisation des protéines comme source d’énergie. Car les utiliser nécessite d’activer des processus qui vont aussi entrainer la destruction progressive de nos muscles. Chose que le corps souhaite bien sûr éviter à tout prix. C’est donc une source d’énergie qui n’est utilisée par l’organisme que dans les cas de disette extrême et de famines prolongées.
Revenons donc sur les deux principales sources : les glucides et les lipides.
La première chose importante à retenir est que notre corps ne sait pas utiliser de façon efficace et simultanée les glucides et les lipides comme carburant. Il peut utiliser les glucides ou les graisses, mais pas les deux en même temps. En tous cas pas de manière efficace, et en dehors des situations d’efforts physiques intenses.
La seconde chose qu’il faut garder à l’esprit, c’est que notre corps ne sait pas stocker les glucides.
Une fois la digestion terminée, tous les glucides se retrouvent dans le sang, sous forme de glucose.
Or, le glucose est toxique lorsque sa concentration augmente dans le sang.
En cas d’excès, ce qui est très souvent le cas après un repas, votre corps va donc se mettre à produire de l’insuline. Une hormone qui va forcer le glucose à entrer dans les cellules, et permettre le retour à des niveaux sans danger de glucose dans le sang.
Puis, une fois dans les cellules, le glucose sera transformé pour partie en glycogène.
Le glycogène est une forme de réserve du glucose que l’organisme peut stocker en petites quantités dans le foie et les muscles pour couvrir les besoins à court terme (jusqu’à 24 heures).
Tout le reste du glucose est transformé en acides gras, puis en triglycérides, c’est-à-dire des lipides, qui sont la seule forme d’énergie que le corps sait facilement et abondamment stocker sur le long terme.
Lorsque l’on consomme plus de glucides dans une journée que les besoins du corps, c’est ce mécanisme qui transforme jour après jour tous ces excès de glucide de notre alimentation en graisses.
Et qui nous fait prendre du poids année après année sur la balance.

Il ne faut jamais perdre de vue que notre organisme est très doué pour stocker tout le surplus de notre alimentation sous forme de graisses. C’est un mécanisme de survie vital que nous avons hérité de nos ancêtres.
Pensons un peu à ce qu’était leur vie. Des repas souvent rares, mais parfois copieux, en fonction du succès rencontré à la chasse. Des caprices de la météo. D’une bonne cueillette de fruits frais …
L’organisme a dû s’adapter et tout mettre en œuvre pour stocker au maximum pendant les périodes d’abondance, pour pouvoir ensuite restituer de l’énergie pensant quelques jours en attendant le prochain gros repas.
Notre corps fait çà très bien. C’est notre nature ! Mais c’est aussi ce mécanisme qui nous fait grossir aujourd’hui. Avec une alimentation moderne qui est tout le temps abondante et particulièrement riche en glucides.
Les différents types de graisses et les zones de stockage
Maintenant que nous avons vu comment la graisse se forme, voyons où elle va aller se loger dans l’organisme.
Les choses se compliquent un peu, car il existe des nuances selon que l’on soit homme ou femme. Et selon son origine ethnique. Mais il existe des grandes tendances que l’on peut résumer ainsi.
La graisse sous-cutanée
Lorsqu’une personne mince commence à grossir, la graisse ira en priorité se loger dans les tissus sous-cutanés. C’est-à-dire directement sous la peau, en restant lié à cette dernière.
La graisse sous-cutanée est facile à identifier par un pincement de la peau. L’épaisseur du pli que vous avez entre les doigts correspond à l’épaisseur de la peau, et l’épaisseur de la couche de graisse sous-cutanée.
Comme l’épaisseur de la peau est faible, la différence vient principalement de l’épaisseur de la couche de graisse sous-cutanée.
Il suffit de faire l’expérience pour s’en rendre compte.
Pincez légèrement la peau située au niveau de la gorge ou sur le dessus de la main. L’épaisseur est très mince, car il s’agit presque uniquement de peau. Ce ne sont pas des zones de stockage privilégiées.
Si vous faites la même chose au niveau du ventre ou des cuisses, vous constatez que le pli est beaucoup plus épais. Cette épaisseur: c’est de la graisse sous-cutanée.
Le corps préfère stocker sous la peau en priorité, car cela permet de repartir le stock de façon équilibrée, et de créer une couche isolante qui protège du froid.
Elle protège aussi contre les coups en cas de choc.
Chez les hommes, la graisse sous-cutanée aura tendance à se développer au niveau du torse, du ventre, des bras et du dos. Les parties hautes du corps.
Chez les femmes, ça sera plutôt sur les parties basses. Cuisses, fesses, hanches seront les zones prioritaires. En particulier avant la ménopause.
La graisse sous-cutanée ne pose pas de problème particulier pour la santé… jusqu’à un certain point.
Elle peut gêner l’activité physique. On peut la trouver disgracieuse. Et on cherche en général à s’en débarrasser pour des raisons esthétiques.
Mais elle n’est pas liée à l’augmentation du risque de diabète ou de maladies cardiovasculaires.
La graisse sous-cutanée n’est pas une masse inerte. C’est aussi un organe capable de produire des hormones.
C’est le principal producteur de leptine de l’organisme. Un puissant régulateur de l’appétit, du métabolisme, et de l’adiponectine. Un marqueur de la santé métabolique aux effets potentiellement anti-athérosclérotiques. (1,2)

La graisse viscérale
Une fois que les zones sous-cutanées prioritaires sont remplies au maximum, le corps continue de stocker le surplus d’énergie que vous lui apportez chaque jour. Il le fait là où il peut.
Il trouve alors de la place entre les organes de l’abdomen.
Petit à petit, foie, reins, intestins, cœurs se recouvrent d’une couche de tissus graisseux qui font gonfler l’ensemble du ventre. L’intérieur du foie est aussi concerné.
On ne peut pas pincer cette graisse entre les doigts. Quand on appuie dessus, on sent un bloc homogène qui bouge sous la pression.
La présence de graisse viscérale indique clairement un excès de stockage. Ce n’est pas une situation normale pour l’organisme qui stocke ici faute de mieux, après avoir rempli tout l’espace sous-cutané disponible.
N’oublions pas que nous sommes programmés pour stocker quoiqu’il arrive tous les excès de glucides et de lipides de notre alimentation.
La graisse viscérale est mauvaise pour la santé. Sa présence est synonyme d’un risque élevé de diabète et maladie cardiovasculaires.
Elle favorise également la multiplication des réponses inflammatoires de l’organisme. (3)
En cas de surpoids, ces réponses inflammatoires favorisent l’apparition d’œdèmes diffus. La peau devient rougeâtre, sensible, gonflée et lisse. Particulièrement au niveau des doigts, du visage ou du coup.
Comment s’en débarrasser ?
Il est maintenant temps de répondre à la question principale :
Comment éliminer la graisse de façon ciblée ?
Nous avons vu que l’organisme stock d’abord dans les régions sous-cutanées. Puis quand elles sont pleines, il commence à stocker autour des organes et des viscères. Avec des conséquences particulièrement néfastes pour la santé.
Et bien lorsque vous allez perdre du poids, le corps suivra logiquement le même chemin, mais en sens inverse.
Dès que vous laissez à votre corps la possibilité de puiser dans ses réserves, il ira en priorité utiliser les réserves de graisse viscérales. Et seulement ensuite les réserves sous-cutanées.
Donc si vous avez les deux et que votre priorité est d’éliminer les bourrelés aux cuisses ou au ventre, vous pourriez penser que c’est une mauvaise nouvelle.
Mais en réalité, pas tant que cela !
Perdre en priorité la graisse viscérale et ce qu’il y a de mieux pour votre santé. Et cela participe aussi beaucoup à l’amélioration de votre silhouette.
Perdre ce type de graisse et donc toujours une bonne chose. Autant accepter que l’organisme commence en priorité par cela.
Une fois l’excédant de graisses viscérales consommées, votre organisme ira puiser dans les réserves sous-cutanées.
Là encore en privilégiant les zones ou l’accumulation est la plus forte.
Tout ceci reste schématique pour vous aider à mieux comprendre les grandes tendances.
Dans la pratique, la perte de poids se fait partout simultanément. Mais avec des vitesses différentes selon les régions. La graisse viscérale restant bien celle qui en pourcentage diminue la plus vite au début de sa perte de poids. (4).
Et la perte de poids ciblée ?
En ce qui concerne la perte de poids ciblée, la plupart des études réalisées sur ce sujet concluent malheureusement à l’inefficacité de ces méthodes.
Lorsque le corps doit puiser dans ses réserves de graisse, il prélève en priorité là où la graisse est à la fois facilement disponible et dangereuse pour votre santé. La proximité avec les muscles que l’on fait travailler n’a pas ou peu d’influence.
Par exemple, cette étude sur 24 personnes n’ayant fait que des exercices ciblant les abdominaux pendant six semaines n’a constaté aucune réduction de la graisse abdominale (5).
Ou cette autre étude qui a suivi 40 femmes en surpoids et obèses pendant 12 semaines. Elle a montré que la musculation des abdominaux n’avait aucun effet sur la perte de graisse abdominale, en comparaison d’un régime alimentaire classique (6).
Quantités d’autres études similaires, avec l’entrainement d’un bras sur deux, ou d’une partie du corps seulement concluent toutes à la même chose : L’exercice physique ciblé ne permet par de maigrir dans les zones concernées. (7,8)
Méfiez-vous donc de toutes les promesses sur des produits ou exercices qui permettraient de perdre du poids de façon ciblée. Aucune étude sérieuse ne vient pour le moment confirmer cela.
Mais ce n’est pas une raison pour se décourager. Au contraire.
En conclusion
Même s’il n’est pas possible de perdre du poids de façon ciblé sans devoir respecter les choix biologiques de votre corps, ce n’est pas une raison pour se décourager.
Au contraire !
Perdre du poids est une bonne chose pour votre santé ou votre silhouette.
Et cette perte de poids et d’autant plus facile que vous en avez beaucoup à éliminer.
Votre corps éliminera en priorité ce qui est le plus dangereux pour votre santé.
Puis ensuite seulement ce qui affecte votre silhouette.
Mais avec un peu de temps et de méthode, vous viendrez à bout de toute la graisse inutile.
En ce qui concerne la cellulite, il est possible avec de la cibler de façon plus précise même si cela demande de la patience. Vous pouvez en apprendre plus à ce sujet dans cet article.
La clef pour perdre du poids est de permettre à votre corps d’utiliser ses graisses de réserves comme source d’énergie. Si vous voulez en savoir plus à ce sujet, je vous invite à lire cet article.
Pour bruler vos graisses, vous devez comprendre le rôle clef de l’insuline dans ce processus.
Et faire en sorte de diminuer sa concentration dans l’organisme en consommant moins de glucides.
Tant que vous ne contrôlez pas efficacement ce paramètre essentiel, les kilos sur la balance continueront à monter et vos efforts et exercices pour perdre du poids resteront sans effet.
Si vous voulez perdre du poids, la priorité avant toute autre chose reste de modifier votre façon de manger!
Questions fréquentes
La plupart des études et recherches sur le sujet concluent que cela n’est pas possible. Faire travailler des muscles dans une région particulière du corps n’a pas ou peu d’impact sur la perte de graisse dans la zone concernée.
La graisse viscérale et la première à disparaitre en cas de perte de poids. C’est un bonne chose car ce type de graisse à un impact négatif sur la santé.
Puis sont éliminés les graisses sous cutanées et structurales. Ces graisses ont un impact sur la silouhette mais ne présentent pas de danger particulier pour la santé.
Le meilleur moyen de perdre du poids reste une alimentation équilibrée et faible en glucides que l’on peut tenir sur le long terme. Les résultats sont améliorés si l’on pratique une activité physique régulière couplée à un sommeil de qualité.
En augmentant le métabolisme et en favorisant la mise en place de vaisseaux sanguins dans les tissus graisseux à proximité des muscles, l’exercice physique améliore un peu la perte de poids. Mais le sport reste peu efficace s’il n’est pas couplé à une alimentation adaptée sur le long terme.